Tara s'était réveillée de même humeur que lorsqu'elle s'était couchée : vexée, perdue, et en colère. Elle avait passé sa journée seule. Elle n'avait envie de parler à personne. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Alors qu'elle était en train de manger, Anaïs se ramener devant elle en mode pigeon voyageur. Apparemment, Jamel voulait la voir. Elle lâcha un rire nerveux. Non mais il se foutait d'elle ? Il pensait vraiment qu'elle allait venir lui parler après l'avoir envoyé bouler ? Il rêvait là. Hors de questions qu'elle lui parle. Elle était beaucoup trop fière. Cependant, elle était obligé de venir dans la chambre. En effet, elle avait prêter un tee-shirt à Anaïs et elle en avait besoin. Elle se rendit donc là-bas. Elle ouvrit la porte. Jamel était là. Elle s'arrêta, il y eu un moment de flottement, puis elle se décida à entrer. « Je viens juste récupérer quelque chose qui m'appartiens. » se contenta-t-elle de dire, avant de tracer sa route jusque le lit d'Anaïs, où il y avait un tas de fringues.

Faites qu'il la laisse tranquille, faites qu'il la laisse tranquille ... Et merde. Loupé. Elle entendit des bruits de pas et s'arrêta un instant, avant de reprendre son activité. « J'ai pas envie de parler Jamel. Ni envie de t'écouter. Je pense que tout a été dit. » lui dit-elle, ne le regardant même pas. Elle avait été blessée dans son orgueil. Elle lui avait quand même dit qu'il passait bien avant tout le monde, que ça serait toujours lui malgré tout. Et lui, il lui avait rit au nez. Ah, il voulait revenir la bouche en coeur ? Et bien ça ne marchait pas comme ça avec elle. Tout ça parce qu'elle avait dormis avec Julien. Et alors ? Julien, c'était juste un copain, voilà tout. S'il n'arrivait pas à se mettre ça dans le crâne, ça servait à rien qu'il lui parle pour s'entêter.

Elle sentait que la situation allait exploser d'un moment et à un autre. Toutes les rancoeurs, les choses non-dites, le ressentiment le plus profond, tout allait être déballer dans les instants qui allaient venir. Mais Tara voulait retarder l'échéance. Plus l'énervement montait, plus elle avait du mal à mettre de l'ordre dans ses idées. Ce dernier atteignit son paroxysme lorsqu'il attrapa son bras pour la forcer à le regarder. Ses prunelles assassines se plantèrent dans les siennes un instant. « Lâche-moi. Maintenant. » lança-t-elle, prenant soin de détacher chaque syllabes du dernier mot. « Comme je t'ai dis, je t'ai tout dis. Tu m'as ris au nez, tu m'as pas cru, maintenant c'est finis. Basta. » finit-elle par dire, essayant de garder son calme.

La jeune baissa la tête le temps que Jamel fasse son discours. Elle fronça les sourcils. Wow. Elle ne s'attendait pas à ça, vraiment pas. Elle savait qu'il était attachée à elle pour l'avoir entendue à multiples reprises, mais pas autant. Là c'était carrément une déclaration d'amour posée sur un plateau. Il était dans tout ses états. Certes elle lui en voulait, mais le voir comme ça, elle n'aimait vraiment pas ça. « Calme-toi et assis-toi. » lui dit-elle posément, avant de faire de même. Elle prit une profonde inspiration. « Pourquoi tu te mets dans un état pareil ? J'ai l'impression que tu ne me fais pas confiance. Parce que si c'était le cas, tu ne te ferais pas de films comme tu t'en fais en ce moment même. » lui dit-elle. « Je t'ai dis que Julien était juste un ami, et c'est le cas. Ce n'est pas parce que soit-disant il veut plus que moi je veux forcément la même chose. » continua-t-elle. « Ecoute Jamel, tout ce que je t'ai dis, je le pensais. Pour moi ici, t'es mon pilier, mon repère, tu me rassures. Tu passeras avant tout les autres, quoiqu'il arrive. Parce que c'est toi, c'est comme ça. » tenta-t-elle de le rassurer. « Il faut que tu prennes le temps de réfléchir à ce que tu m'as dis, parce que si c'est uniquement sous le coup de la colère ou par peur de me perdre, je pense que je ne te le pardonnerai pas. » finit-elle par dire.

La situation avait le mérite de s'être légèrement apaisée. Tara prenait bien soin de choisir chaque mots qu'elle employait afin qu'il ne se braque pas, et ne pas retomber dans le traquenard de la dispute. « D'accord, je te crois alors. » lui dit-elle. « Mais juste ... Laisse-moi le temps, okay ? J'aime pas aller plus vite que la musique, j'ai besoin de prendre du temps. Du temps pour réfléchir, du temps pour peser le pour et le contre, du temps, tout simplement. Je ne veux pas précipiter les choses. » lui lança-t-elle, le regardant réellement pour la première fois depuis qu'il parlait tout les deux. Elle lui faisait bien comprendre qu'il n'allait rien se passer pour le moment mais que la porte restait quand même ouverte à une éventuelle relation. « Mais cela ne change pas le fait que tu m'as énormément blessée la dernière. Oui, j'ai culpabilisé, j'me suis sentie mal, mais ça ne devrait pas arrivé. Je ne devrais pas regretter d'aller voir certaines personnes sous prétexte que tu vas mal le prendre. Certaines personnes y compris Julien, même si tu n'a pas confiance. » finit-elle par dire.

Elle perdit pied au moment où elle le vit s'approcher d'elle pour l'embrasser. Elle ne comprenait pas vraiment; cela allait en total contradiction avec ce qu'elle avait dit. Mais ce n'était pas qu'un baiser après tout. Elle ne prit la parole que lorsqu'il se releva. « Jamel ? » l'interpella-t-elle. « On redeviens à nouveau le binôme qu'on était ? » lui demanda-t-elle en tendant la main. Car, malgré toute les hypothèses possibles quand à la suite de leur aventure, elle voulait que l'une d'entre elle se confirme : qu'ils restent amis, quoiqu'il arrive.

La jeune femme sourit. Ils avaient retrouvés leur complicité d'avant, et ça faisait un bien fou. Tara était quelqu'un de franc, mais elle n'aimait pas les disputes. Elle préférait que tout se passe sans accros. Elle le regarda s'allonger sur son lit. Elle ne put s'empêcher de le titiller. Elle arriva à pas de loup, puis sauta sur lui d'un seul coup, avant d'exploser de rire et de se poser à côté de lui. « Bon, la journée finit mieux qu'elle n'a débuté. » conclut-elle, en lui jetant un rapide coup d'oeil.

Les câlins, les blagues, les chamailleries, tout était revenu comme à son habitudes. Elle entremêlait ses jambes dans les siennes pour avoir plus de place. Puis elle posa la main sur son torse en l'écoutant. « Une semaine encore comme ça et j'aurais pété un câble... » lui dit-elle, avec un léger air triste. « J'suis pas grand-chose ici sans toi... » continua-t-elle. C'était sûrement la première fois que Tara osait se montrer vulnérable devant quelqu'un dans la maison. C'était grand temps de faire tomber les barrières. Il enchaîna sur son équipe, qui finalement n'était composé que de deux personnes. Elle soupira. « Ouais, je suis pas gâtée. » lui dit-elle en levant le yeux au ciel. Tara posa son menton sur son torse pour le regarder. « Anaïs va pas mal le prendre que tu la laisse toute seule ? » demanda-t-elle. « Remarque, les matelas de notre chambre sont plus confortables c'est vrai. » finit-elle, en gigotant dans tout les sens pour trouver une position idéale.

La tibétaine se reposa correctement continuant la conversation. « Oui, mais toi tu as Anaïs quand tu ne vas pas bien. Moi, j'ai personne quand on se dispute. » lui avoua-t-elle. C'est vrai, cela faisait une semaine qu'ils étaient entrés dans le jeu, et finalement, Tara n'avait pas beaucoup de liens avec les habitants. Ca serait d'ailleurs un bon point à améliorer. Apparemment, il avait parlé de leur problème à la jeune femme. Cela la mettait plutôt mal à l'aise étant donné leur antécédent commun. « J'ai pas envie de me taper une vieille remarque après. » lui dit-elle. Elle voulait pas passer pour la meuf capricieuse ou autre. « Bah viens alors, je te feras un petite place à côté de moi. » lui répondit-elle, avec un léger sourire. Ouais, petite, parce que Fanny et son cul façon Nicky Minaj du pauvre prenait de la place.

BAM, retour sur le sujet Julien. Il pouvait pas s'en empêcher. « Julien, comme par hasard ... Nan mais Anaïs, c'est ton amie, celle qui sera là quoiqu'il arrive. Julien, c'est un début d'amitié, tout simplement. » lui dit-elle, sans perdre son calme. Jamel faisait une fixette sur Julien, et c'était pesant. C'était avec qui qu'elle était allongée, en ce moment même ? Qui est-ce qu'elle avait invité à dormir dans son lit ? C'est lui, pas Julien. Elle leva les yeux au ciel, mais ne dis rien de plus, pas question de se prendre à nouveau la tête. « J'espère. » lança-t-elle, en traçant des ronds sur son torse avec ses doigts. « Par contre, j'espère que t'en profitera pas pour filer en douce dans le lit de Fanny en pleine nuit. » lâcha-t-elle, avant d'exploser de rire.

Au moins, il reconnaissait ses tords, c'est déjà ça. Mais s'il pouvait éviter de parler de Julien toute les trente secondes, ça serait pas mal. Sinon Tara allait avoir l'impression que c'est pour lui qu'il avait des sentiments hein. « Essaye de lui parler, d'arranger les choses entre vous. Moi j'l'ai bien fais avec Anaïs. » lui dit-elle. Elle se rappelait encore de son discours de la semaine dernière. "Essaye de parler à Anaïs, ça m'arrangerai". Bah elle aussi, ça l'arrangerait qu'ils parlent tout les deux. Elle pourrait aller voir l'un sans que l'autre la fusille du regard. Mais bon, elle pouvait toujours rêver. Elle posa ses prunelles sur lui en riant. « Bah je sais pas moi, les pachydermes tatoués ça peut être ton style de nanas. »finit-elle par dire.

Tara lâcha un énorme soupir et le fixa d'un regard noir pour lui faire comprendre que STOOOOOOOOOOOOP il fallait arrêter avec Julien là. Sinon, dans trois secondes, elle allait se lever et jeter toute ses fringues par la fenêtre, de colère. La soupape allait lâcher, et tout allait exploser quoi. « Jamel, tu m'soules avec ça. Et puis rien ne prouve qu'elle n'a pas essayé aussi. » rétorqua-t-elle. C'est vrai, qui lui dit que pendant qu'elle dormait elle a pas tenté un truc avec lui ? Et vice-versa ? C'était facile de se faire des films hein, surtout quand on aime pas une personne. Enfin bref.
« Une grande asiat' ? Ouais, il y aurait bien Mickaël. » lui dit-elle en plaisantant. Bah ouais, il avait les yeux qui mangeait du riz lui.