Voilà deux jours que nous avions fait notre entrée dans le château des secrets et pourtant, je n'avais pas encore eu le loisir de discuter avec tout le monde. Je dirais même que des affinités ne se sont pas encore crées. Je connais pratiquement tous les noms, c'est déjà ça. Puisqu'il faisait chaud aujourd'hui, je décidais de mettre un maillot de bain pour aller faire trempette à la piscine. Après une demi-heure à nager, je fais une pause et voyant qu'entre temps, une brune s'était installée sur un transat à côté, je profite de l'occasion pour aller discuter en tête à tête avec elle. « Je te dérange pas Ayem ? » Je demande doucement en m'allongeant sur le transat à côté, encore trempé.

Deuxième jour dans la maison des secrets et pour tout vous dire, je profitais pleinement du confort qui se présentait à nous. D'ailleurs, aujourd'hui était un jour plutôt ensoleillé ce qui était très rare sur Paris. Du coup, j'avais décidé de dorer encore un peu plus mon corps en me reposant sur l'un des transats près de la piscine. Après quelques minutes de solitude, l'un des candidats de la maison vint se placer sur un transat près de moi : il s'agissait de Vincent, garçon à qui je n'avais pas encore tenu de discussion jusqu'à là. « Non du tout, bien au contraire. » répondais-je à celui-ci qui me espérait ne pas me déranger.

Bon point, je ne la dérangeais pas pendant sa séance bronzette. Allongé, je mets donc un peu de côté histoire de lui faire en lui parlant, histoire aussi de pouvoir la regarder. Je pose mes lunettes de soleil sur mon nez et c'est bon, je suis calé. « Ca fait deux jours qu'on est là et à part ton prénom, d'ailleurs très beau, je ne sais rien de toi. Qu'est-ce que tu peux me dire sur toi alors ? » Je demande avec un sourire malicieux.

Je n'avais pas encore eu le temps de faire connaissance avec Vincent, mais je pensais qu'aujourd'hui était le bon moment pour. Et puis ça avait l'air d'être un garçon aussi complexe qu'intéressant, j'avais du coup envie de le connaitre d'avantage pour me faire une idée sur sa personne. « Quel baratineur ! » lançais-je à mon interlocuteur en riant légèrement qui venait de me complimenter sur mon prénom. « Sinon, j'ai 22 ans, je suis de Lyon et dans la vie je suis barmaid à plein temps et toi ? » finissais-je par conclure alors qu'il m'avait demandé de me présenter un peu plus à lui.

Baratineur, moi ? Si peu... Non pour le coup, c'était sincère. Ayem, c'était un prénom plutôt original, exotique... Bref, tout ce qui me plaisait. « Arrête, c'est pas comme si je t'avais dis : Wallah, sur la Mecque t'es aussi fraiche que l'Coran » lançais-je en riant. Mais je suis sur qu'elle doit souvent entendre ça au bled. Elle se présente alors, vingt-deux ans, lyonnaise et barmaid. Je sens que ça peut être un bon cocktail explosif ça. « J'ai vingt-trois, de Cergy-Pontoise et je suis barman. » Quel coïncidence... ou pas. « On pourra se faire des petites battles pendant les soirées » Je lui fais un clin d'oeil, montrant mon petit côté compétiteur. Elle a beau être une femme, quand je joue, je joue à fond quelque soit mon adversaire.

Le jeune homme répliqua rapidement sur mon commentaire en jurant sur tout ce qu'il pouvait. Là, il venait clairement de me tuer, il était grave quand même. « Il ne faut pas pousser non plus. » rétorquais-je tout en riant, d'ailleurs les paroles qu'il venait de prononcer m’interpellais, je décidais donc de reprendre la parole « T'es rebeu ?» sait-on jamais. S'en suivi le fait qu'il se présenta à son tour à moi, il venait de Cergy et tout comme moi il était barman. D'ailleurs il ajoute qu'on pourrait se faire quelques petites battles durant les soirées. « Pourquoi pas. Si t'as envie de te faire humilier par une femme, alors c'est le meilleur moyen. » concluais-je en plaisantant.

Je ris moi-même à ma connerie. C'est bien au moins, elle était réceptive. C'était un bon public, ça mettait à l'aise tout de suite. Disons que la suite de la conversation n'aurait pas été la même si elle n'avait même pas esquissé ne serait-ce qu'un semblant de sourire, vous vous doutez bien.Puis là, elle me sort une question de façon super spontanée : t'es rebeu ? J'éclate de rire sur mon transat, bougeant mes jambes, claquant mes pieds plusieurs fois. « T'as déjà vu un mec aussi beau que moi au bled' franchement ? » balançais-je en prenant une pause. J'éclate de rire de nouveau, bien sur je plaisantais. « Non je suis Portugais. Je fais rebeu tu trouves ? » J'ai jamais trouvé, à part quand je laisse pousser ma barbe à la limite, je peux passer pour un terroriste. « Ah ouais t'es comme ça toi ? » remarquais-je avec un sourire amusé. Non mais c'est bien, c'est ce qu'il faut pour pimenter, un peu de caractère. Moi j'aime bien. « Puisque t'es sure de gagner, pourquoi ne pas pimenter la chose en rajoutant un gage ? »

Du peu que j'ai entendu, Vincent était un sacré personnage. J'avais l'impression de retrouver quelques délires que je pouvais avoir avec des amis à moi à Lyon et ça, c'était plutôt plaisant. Il éclata par la suite de rire lorsque je lui avais demandé s'il était rebeu, je n'avais peut-être pas été très fine, je l'accorde mais ma question avait eu le dont de l'amuser. Il me demanda par la suite si j'avais déjà croisé un mec aussi beau que lui au bled, remarque qui me fit à mon tour plutôt rire. « T'es con. » lâchais-je alors que mes rires s'assrmblaient aux siens. Finalement celui-ci me donna sa vraie origine en me confiant être Portugais. « Ah. Tu fais légèrement penser à un maghrébin, oui mais ce n'est pas péjoratif bien au contraire. » disais-je à celui-ci alors que je venais sans m'en rendre compte de le mettre au défi par apport à nos métiers similaires. « C'est possible. » repondais-je à Vincent alors qu'il venait de me demander, amusé, si j'étais 'comme ça'. Quoi qu'il en soit, la situation avait l'air de l'inspirer. « Je suis joueuse, j'accepte ce que tu as à me proposer. » fallait pas non plus qu'il pousse le bouchon trop loin cela dit.

Je lui faisais penser à un Maghrébin. Pourquoi ils ont les yeux marrons les Maghrébins non ? Si elle avait dit Kabyle, j'aurais compris, ils ont les yeux clairs eux. « T'inquiètes pas je le prends pas mal ! J'ai plein de potos rebeu c'est pour ça que j'rigole avec toi. Tu me dis si ça te soule. » Du coup j'ai l'habitude de plaisanter sur ça avec eux et avec Ayem, j'ai l'impression d'être avec mes potes, tout simplement. Du coup, je me permets peut-être des choses que je ne devrais pas mais elle ne semble pas le prendre mal. Quelque chose me dit qu'on peut avoir les mêmes délires. Après avoir trouvé un petit défi à faire entre nous deux, je lui propose de pimenter la chose en donnant un gage au perdant. Bien sur, joueuse comme elle est, elle accepte. « Tu veux que je te dise ton gage si tu perds ? » Oui allez, j'suis gentil je lui dis comme ça elle peut toujours se rétracter si elle le souhaite. Je laisse planer un petit temps de suspens, sourire vicieux sur le visage puis j'enchaine.  « Je veux... que tu me prépares un bon tajine du pays ! » fis-je avec un grand sourire. Hey, what did you expect ? « Dis-moi si je me trompe mais je pense que tu sais assez bien cuisiner... »

Vincent me confia qu'il ne prenait en aucun cas le fait que j'aurai pu le confondre pour un rebeu mal. D'ailleurs, il ajouta qu'il avait plusieurs amis maghrébins en dehors du jeu et que si cela me dérangeait, il pouvait arrêter de parler des mes origines. « Ah non du tout, ça ne me dérange pas du tout. » affirmais-je au grand brun ténébreux qui se trouvait à mes côtés avant de reprendre : « Je sais que tu nous adores de tout façon. » reprenais-je alors que nous venions de nous lancer dans un défi, rajoutant un gage pour le perdant pour pimenter le tout. Après être restée quelques secondes dans le suspens, celui-ci me proposa de lui préparer un plat traditionnel de chez moi, si je perdais. « Ah mais c'est sans problème. Je m'attendais au pire avec toi. » avouais-je en riant. Pour le coup son cage n'était pas du tout prévisible mais bien plus plaisant aimant particulièrement être derrière les fourneaux ce qu'il avait d'ailleurs remarqué. « Tu me donneras ton propre avis sur ma cuisine. »

« Qui aime bien châtie bien comme on dit. » répliquais-je en signe d’approbation à sa phrase. Je suis quelqu'un qui aime bien taquiner les gens oui, ce n'est jamais méchant, c'est comme une marque d'affection si on veut. Et oui, j'aime bien taquiner Ayem, parce qu'elle est réceptive dans le bon sens au moins. Vous voyez comment elle me parle par exemple ? "Je m'attendais au pire avec toi." On dirait qu'on se connait depuis toujours alors qu'on cohabite ensemble depuis seulement quelques jours.  « Genre un bisou avoue ? Je laisse ça aux petits joueurs. » plaisantais-je en riant. Non, pas besoin de me cacher derrière un défi pour un bisou. Je préfère assumer pleinement, comme un homme.  « Ah ça pas de problème, je suis sur que ce sera bon ! » Je sais pas moi, même avec son caractère de femme indépendante et tout, Ayem je la vois bien en parfaite ménagère qui sait tout faire.  « Hm, je parie que t'es très attachée à la famille, je me trompe ? »

Vincent venait de relever la fameuse expression du "qui aime bien châtie bien" qui prenait d'ailleurs tout son sens. Certes son humour était plutôt décalé, des gens pourraient quelques fois mal le prendre mais de mon côté je savais faire la part des choses et je sentais réellement qu'au fond, le jeune portugais n'était pas un aussi mauvais garçon qu'il ne paraissait. Je fus réellement surprise du gage qu'il m'avait donné, je m'attendais à quelque chose de plus osé de sa part, d'ailleurs je ne me gênais pas pour lui en faire part ce qui avait eu le dons de l'amuser et surtout de me faire remarquer qu'il laissait ce genre de gage 'aux petits joueurs'. « Mais c'est beaucoup mieux comme ça, cela dit. » répondais-je à celui-ci. Je n'étais pas du genre à offrir des baisers à n'importe qui pour n'importe quoi, bien au contraire. Il accepta de me donner un avis futur si il s'avérait qu'un jour, je finisse par lui préparer une tajine comme il l'avait si bien demandé en rajoutant qu'il était certain que ma préparation sera bonne. Affichant l'un de mes plus beaux sourires en guise de remerciement, il ne tarda pas à conclure en pariant que j'étais très attachée à la famille, encore une fois, vincent vu juste. « Ce n'est pas faux ! En faite, j'aime beaucoup chouchouter les gens autours de moi que ce soit ma famille ou même mes amies. Tout ce qui est tâches ménagères ou autres corvées ne me déragent absolument pas, bien au contraire. »

Avec mon caractère, c'était logique qu'elle pense à un bisou en gage mais non, je savais me montrer imprévisible quelques fois. Je voulais lui montrer qu'avec moi, on ne s'ennuie pas. Voilà comment je vois Ayem : comme une belle femme femme, qui sait user de ses charmes mais qui possède des valeurs, le genre de femme bonne à marier quoi. Et elle me confirme mon analyse. « J'ai intérêt à rentrer dans tes bonnes grâces alors ! C'est bien parti pour l'instant, non ? » demandais-je avec un sourire un peu confiant pour le coup malgré ma question. N'empêche qu'il vaut mieux avec Ayem de son côté que de l'autre côté. La meuf elle peut te faire des bons petits plats, repasser ton linge, faire ton lit et tout. « Et je dois faire quoi moi si je perds ? » Bien que ça n'arrivera pas mais bon, c'est juste par curiosité.