En pleine nuit j'arriva dans la cuisine doucement pour manger. Certains dormaient, d'autres s'amusaient dans le jardin. Après être sorti de la chambre, j'alla dans le cellier prendre des biscuits et m'installa par terre.

Capucine était dans le jardin, en train de parler avec d'autres habitants de tout et de rien. Elle commençait à avoir froid; elle décida de rentrer à l'intérieur, pour se faire un chocolat chaud. Elle sortit donc le nécessaire : tasse, cuillère, chocolat en poudre. Puis elle chercha dans le frigo le lait. Manque de bol, il n'y en avait plus. Elle se dirigea donc vers le cellier. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle eut la mauvaise surprise de tomber sur Thomas. Elle avait l'impression, depuis qu'elle s'était disputé avec lui, qu'elle le croisait tout le temps. Elle détourna son regard, puis chercha l'objet de sa visite.

J'avais les yeux rivés sur le paquet de biscuit lorsque j'entendis la porte s'ouvrir. Je leva les yeux et vit Capucine. J'haussa les sourcils et regarda de nouveau mon paquet. Plusieurs secondes après je leva la tête et regarda Capucine. « On peut parler? » demandis-je, l'air calme.

Pourvu qu'il ne parle pas, pourvu qu'il ne parle pas... Loupé. Il fallait qu'il parle. Elle alla vers une étagère, puis attrapa le lait. Elle ne voulait pas lui parler. Elle ne voulait plus lui parler. Il avait eu des mots inadmissibles à son égard. Du moins, des sous-entendues. Et ça, elle ne le pardonnerait pas. « On s'est tout dit, j'ai pas envie de te parler. » lança-t-elle, sans le regarder.

J'en avais marre de me faire rembarrer à chaque fois que je faisais le premier pas. Je comptais m'excuser mais là, pas question. Je soupira un bon coup avant de lui répondre. « Bah allez, casse-toi rejoindre ton Yoann. » répondis-je. Une crise de jalousie? Sans doute.

Elle se retourna en arquant les sourcils. « Pourquoi tu me parles de lui là ?! » lui demanda-t-elle. Attendez, Monsieur ne serait-il pas en train de faire une pseudo-crise de jalousie ? Parce que là, ça serait gros, étant donné qu'il y a deux jours il était en train de lui reprocher une certaine jalousie qu'elle n'avait même pas.

« Baah parce que ça fait quelques jours tu profites bien, bah continue alors. » répondis-je. Je faisais pas souvent des crises de jalousie. Fallait vraiment que la personne ait fait quelque chose qui était pas normal que je faisais des crises. Alors que là, elle ne faisait ni rien de mal, ni était en couple avec moi.

Non mais on aura tout vu. Après acte I, Yoann qui fait une crise de jalousie à Capucine parce qu'elle colle trop Thomas, acte II, Thomas qui fait une crise de jalousie à Capucine parce qu'elle est souvent avec Yoann. Encore le premier elle arrivait à le comprendre, mais le deuxième, pas vraiment. « Bah ouais, j'me suis réconciliée avec lui, et j'compte bien profiter de lui tant qu'il me fait pas de crises de jalousie. » lança-t-elle. Elle adorait Yoann, elle le connaissait depuis des années, elle avait vécue de bons moments avec lui, elle ne voyait pas franchement où était le problème.

Sympa, elle m'avait complétement zappé et elle allait voir Yoann maintenant. « Bah qu'est-ce que t'attends, vas vite le rejoindre alors. Il doit être content de t'avoir pour lui tout seul depuis que tu m'as oubliée. » répondis-je, en mangeant un nouveau biscuit.

Elle n'arrivait pas à le cerner. Vraiment. Il y a deux jours, il passait d'abord pour le mec incompris, puis le mec rancunier. Et là, on aurait dit un Yoann. Ouais, c'est ça. Un Yoann numéro 2. Un Yoann avait dix centimètres de plus que lui, à peu près pareil de cheveux, mais le même caractère. « C'est quoi ton petit jeu là ?! On est pas mariés, à ce que je sache. Et fort heureusement. » lui lança-t-elle.

« Rien du tout.. » lançais-je en prenant un nouveau biscuit. Elle commençait sérieusement à me gonfler. Elle tenait à me zaper, très bien je comptais bien faire la même chose. Je n'étais pas du tout un pigeon comme Yoann. C'est à dire que j'allais pas faire le gentil toute la vie, j'avais tenté deux ou trois approches. Rien y faisait. Après cette conversation c'était bien la dernière fois que j'allais lui adresser la parole.

Elle lâcha un léger 'pfff' avant de détourner son attention sur différentes tablettes de chocolat présentes sur la table. Elle se dirigea vers celle-ci, afin de choisir une des tablettes, sans rien dire. Elle ne voulait plus lui parler. Désormais, leur relation du début était bel et bien enterrée.

Après avoir mangé suffisamment de biscuits, je me leva et reposa le paquet à sa place. Je me tourna vers le frigo et prit la bouteille d'eau. Je bus quelques gorgés avant de la reposer au fond du frigo. Je faisais comme si j'étais tout seul dans cette pièce, et c'était bien mieux comme ça.

La jeune femme se décida sur sa tablette. Et juste pour narguer Thomas, elle resta dans la pièce. Elle enleva le papier de la tablette, puis croqua dans celle-ci, sans un mot. Elle regardait dans le vide. Mais il fallait avouer que la situation était plutôt comique, pour quelqu'un qui se payait sa tête il y a quelques jours.

J'avais envie de rire. C'était assez drôle de voir comment elle faisait la fille sérieuse. Je comptais pas partir juste parce qu'elle était là elle aussi. Je décida de m'asseoir après avoir prit une pomme. Je la croqua et regarda dans le vide, sans dire un seul mot.

Elle prit un dernier carré de chocolat, puis rangea la tablette, une main sur le ventre. Elle avait trop mangé. « Bon, t'as rien d'autre à me dire ? Parce que autant tout dire maintenant, parce que je compte pas te reparler après. » lança-t-elle, en lui jetant un dernier regard.