Comme à chaque fois qu'il s'ennuyait dans cette maison, Gabriel montait dans la cabane au fond du jardin pour retrouver son âme d'enfant, se battre contre des dragons, déjouer les pièges d'une sorcière maléfique ou alors être un mauvais roi qui torture ses paysans. Il grimpa le long de l'échelle, prêt à partir pour de nouvelles aventures lorsqu'il remarqua qu'en haut se tenait Clara, toute seule en train de faire Dieu sait quoi. "T'as donné rendez-vous à Gautier pour vous peloter à l'abri des regards ?"

La cabane dans l'arbre, meilleur endroit pour espionner les habitants. Ou pour se prendre pour Peter Pan. Enfin là, j'étais surtout allongée sur le dos en train de regarder le plafond. Puis je sursautais quand Gabriel arrivait dans la cabane. Et je me retins d'éclater de rire après sa phrase. « Ouais qu'est-ce que tu crois qu'il se passait dans la chambre terre la semaine dernière ? » dis-je en rentrant dans son jeu.

Et Gabriel qui voulait jouer tranquillement dans sa cabane au fond du jardin, c'était raté. Il se hissa complètement en haut et se posa à côté d'elle, ouais rien à battre qu'elle se bécote avec l'autre il était chez lui aussi non ? "Ah ce propos tu sais je comprends, vous êtes jeunes et tout mais tu sais que tu n'es pas forcé de faire tout ce qu'il te demande. Et si jamais tu veux faire des choses avec lui tu sais qu'il est très important de te protéger.", lui lança-t'il jouant le jeu d'un vieux papa qui ne veut pas que sa fille connaisse les joies de l'amour. Généralement lorsqu'on parlait de ça à des ados ça les faisait fuir en courant, quelle chance une fois partie il pourra jouer tranquillement.

« Non mais pourquoi tu parles de ça toi d'un coup ? Oublies ce que je viens de dire en fait. » Marre d'entendre ce refrain, sérieux. « J'ai l'impression d'entendre mon père s'il te plaît. » J'aurais pu dire mon frère aussi mais je n'avais pas envie. Il avait plus l'âge d'être mon père que mon frère, non ? Bon j'arrêtes de penser garce, moi. « J'étais là juste pour espionner les habitants, c'est tout. » Déclarais-je.

Gabriel pose une main sur ses hanches et lève l'autre doigt en direction de Clara, prenant du mieux qu'il pouvait un air sévère. "Jeune fille je vous prierais de ne pas me parler sur ce ton ! Sinon ... c'est quoi les punitions que trouve les darons aujourd'hui ? Raaa heureusement que j'ai pas d'enfant moi !" Il se place ensuite en tailleur juste en face d'elle. "T'as pas grand monde à espionner, un quart est encore au lit, un quart dort au salon, un quart dors sur la terrasse et le reste tourne en rond."

Gabriel faisait semblant de faire le papa en colère parce-que je lui répondais. En parlant d'ailleurs de quel genre de punition on pouvait donner à un enfant. Evitons de lui répondre la fessée. « J'sais pas j'ai jamais été punie. » Fis-je un sourire angélique. « Ouais dis comme ça ça n'a pas l'air intéressant mais j'aime bien. Enfin c'est la cabane que je préfère. J'me sens comme Peter Pan. » Rétorquais-je.

Gabriel rit légèrement. "Ah je vois ... Ca t'aurait pas fait de mal d'être punie de temps en temps, ça t'éviterais de faire des bêtise dans le dressing avec les valises." Roulement d'yeux pour faire style, je dis ça mais je dis rien. Puis il la regarde, levant un sourcil "Peter Pan ? Le mec qui kidnappé des enfants pour les emmener sur une île imaginaire où ils n'atteignaient jamais l'âge adulte très certainement parce qu'il les zigouillait avant ?"

« Je ne fais jamais de bêtises. » Quoi ? Vous ne me croyez pas ? Pourtant c'était la vérité. Puis je me décomposais quand il parlait de l'histoire de Peter Pan. « Mais vas-y tu m'as dégoûté d'un de mes dessins animés préférés. » Fis-je semblant d'éclater en sanglot. On aurait dit une gamine mais il n'avait pas le droit de me gâcher mon enfance comme ça sérieux.

Gabriel sourit "Bah voyons ! Et Tara est encore chaste et pure tant que tu y es !" Il lui lance un petit clin d'oeil avant de la regarder faire semblant de pleurer. Il se retenait d'exploser de rire, la petite était très mauvais actrice. "Oh choupinou pleure pas ! Tu veux que je te racontes une histoire encore mieux que Peter Pan ?"

« Peut-être qui sait ? » Ce n'était pas crédible mais bon. C'était juste pour dire que je ne faisais jamais de bêtises, quoi. Je suis un vrai petit ange et une petite princesse aussi. Non je ne suis pas pourrie-gâtée. Et pourquoi je parle de ça moi ? « Tant que tu ne racontes pas la version gore du Petit Chaperon Rouge ça me va. » Déclarais-je avant d'ajouter. « J'ai déjà Léo pour les histoires de peur. »

"Crois moi, je le sais !" Oui bon, jouait les espions avec Anaïs et Julien pouvait graver à jamais des images maudites dans la mémoire. Il les chassa d'un coup de tête, pas la peine de se remémorer tout cela. "J'imagine ... Il est ... bizarre ce mec ! Je me demande si c'est pas un serial-killer en faites !" Qu'il était rassurant ce Gabi ! "Hum ... Tu connais Les Fées ?"

« Tu caches quelque chose toi ? » Sinon il n'aurait pas dit ça. Il avait dû se passer un truc dans la chambre. Toujours la dernière au courant. Quoique je me doutais de ce qu'il allait répondre. Tara était avec Jamel, ils n'allaient pas jouer à la belotte. « J'ai pas besoin de me le demander, c'est un sérial killer pour moi. » Dis-je en parlant de Léo. Puis il me demanda si je connaissais Les Fées. « Non mais vas-y racontes. » Tant qu'il ne se ramène pas avec un couteau.

Gabriel baisse la tête. "Hum ... Que cacherais-je ? Effectivement il se pourrait bien que Tara & Jamel aient fait des choses dans la chambre air pendant que Florine et Stéphanie dormaient à côté et il se pourrait bien que Julien, Anaïs et moi les avons surpris mais bon ... Ce ne sont que des suppositions ..." Bien entendu, aucune certitude là dedans. "Alors... Il était une fois une veuve qui avait deux filles ; l'aînée lui ressemblait si fort et d'humeur et de visage, que qui la voyait voyait la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses qu'on ne pouvait vivre avec elles. La cadette, qui était le vrai portrait de son Père pour la douceur et pour l'honnêteté, était avec cela une des plus belles filles qu'on eût su voir. Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille aînée, et en même temps avait une aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la Cuisine et travailler sans cesse. Il fallait entre autres choses que cette pauvre enfant allât deux fois le jour puiser de l'eau à une grande demi-lieue du logis, et qu'elle en rapportât plein une grande cruche."

« Oh les fouines ! » Répliquais-je en esquissant un sourire. Même si je pense que j'aurais fait la même chose. Mais je ne l'avais pas fait. Ouais il y avait certaines personnes qui dormaient dans cette maison. Dur à croire mais si. Puis il me raconta l'histoire des fées. « Tiens la fille mal aimée ça me rappelle Cendrillon. » Lui répondis-je en attendant qu'il continue s'il y avait une suite.

Gabriel sourit. "S'ils voulaient pas se faire capter, ils n'avaient qu'à pas autant faire de bruit." Il se racla la gorge avant de continuer. "Ouais je crois qu'ils se sont inspirés de cette histoire pour faire Cendrillon. Bon où en étais-je ... Ah oui ! Un jour qu'elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui la pria de lui donner à boire. "Oui-da, ma bonne mère", dit cette belle fille ; et rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l'eau au plus bel endroit de la fontaine, et la lui présenta, soutenant toujours la cruche afin qu'elle bût plus aisément.
La bonne femme, ayant bu, lui donne pour don, qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une Fleur, ou une Pierre précieuse." Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine. "Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d'avoir tardé si longtemps" ; et en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux Roses, deux Perles, et deux gros Diamants. "Que vois-je là ! dit sa mère toute étonnée ; je crois qu'il lui sort de la bouche des Perles et des Diamants ; d'où vient cela, ma fille ?" (ce fut là la première fois qu'elle l'appela sa fille). La pauvre enfant lui raconta naïvement tout ce qui lui était arrivé, non sans jeter une infinité de Diamants.
"Vraiment, dit la mère, il faut que j'y envoie ma fille ; tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre sœur quand elle parle ; ne seriez-vous pas bien aise d'avoir le même don ? Vous n'avez qu'à aller puiser de l'eau à la fontaine, et quand une pauvre femme vous demandera à boire, lui en donner bien honnêtement. – Il me ferait beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine. – Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout à l'heure." Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau Flacon d'argent qui fût dans le logis.

Je rigolais de la première phrase de Gabriel. Même s'ils n'auraient pas fait de bruit, ils auraient quand même essayer de s'incruster j'en étais sûre. Puis il continua son histoire. « Et il s'est passé quoi pour l'autre ? Elle a mal parlé à la fée et des mouches sortaient de sa bouche à chaque phrase ? » Je n'étais pas à fond dans l'histoire. Je ne vois pas ce qu'il vous faisait dire ça.

Gabriel continue de raconter son histoire même si elle en a rien à faire la petite, au moins ça l'occupe. "Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine qu'elle vit sortir du bois une Dame magnifiquement vêtue qui vint lui demander à boire : c'était la même Fée qui avait apparu à sa sœur, mais qui avait pris l'air et les habits d'une Princesse, pour voir jusqu'où irait la malhonnêteté de cette fille. "Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire ? Justement j'ai apporté un Flacon d'argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J'en suis d'avis, buvez à même si vous voulez .– Vous n'êtes guère honnête, reprit la Fée, sans se mettre en colère ; hé bien ! puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent ou un crapaud." D'abord que sa mère l'aperçut, elle lui cria : "Hé bien, ma fille ! – Hé bien, ma mère ! lui répondit la brutale, en jetant deux vipères, et deux crapauds. – Ô ciel ! s'écria la mère, que vois-je là ? C'est sa sœur qui en est cause, elle me le paiera" ; et aussitôt elle courut pour la battre."

Ah bah c'était pas des mouches qui sortait de sa bouche mais des crapauds. M'attendant à que ce soit la fin de l'histoire, je lui déclarais. « Et c'est quoi la morale de l'histoire ? » S'il m'avait raconté cette histoire c'est qu'il avait un message à passer non.

"Attend, c'est pas fini !" Il s'éclaircit une nouvelle fois la voix. "La pauvre enfant s'enfuit, et alla se sauver dans la Forêt prochaine. Le fils du Roi qui revenait de la chasse la rencontra et la voyant si belle, lui demanda ce qu'elle faisait là toute seule et ce qu'elle avait à pleurer. "Hélas ! Monsieur, c'est ma mère qui m'a chassée du logis." Le fils du Roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six Perles, et autant de Diamants, la pria de lui dire d'où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du Roi en devint amoureux, et considérant qu'un tel don valait mieux que tout ce qu'on pouvait donner en mariage à un autre, l'emmena au Palais du Roi son père, où il l'épousa.
Pour sa sœur, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulût la recevoir, alla mourir au coin d'un bois.

« Oh c'est trop mignooooooon. » Rétorquais-je quand il parlait de la fille qui me rappelait Cendrillon et le fils du Roi. Pour l'autre sœur, sans commentaires. « En gros c'est toujours les gentils qui gagnent, quoi. » Lui demandais-je.

"En gros oui c'est ça donc .." Il se remit bien droit et se montra par deux signes de pouce. "C'est Bibi qui va remporté Secret Story. M'enfin tu étais une bonne adversaire sache le, tu ne fais juste pas le poids et ce n'est pas en mangeant plus de Nutella que ça va changer les choses." Petit clin d'oeil.

« T'insinues que je suis méchante alors. » Fis-je une mine choquée. J'étais un ange tombée du ciel, pas du tout une diablotine. « Et je ne mange pas de Nutella c'est pas vrai. » Tournais-je la tête de droite à gauche. Bon je mentais un peu c'est vrai mais ça va mon nez n'allait pas s'allonger. Je n'étais pas Pinocchio.

"Vilaine, mauvaise fille, pas gentille, peu importe prend l'adjectif que tu veux !" lui lança-t'il accompagné d'un clin d'oeil. "Tu crois qu'on ne te vois pas faire des câlins au pot quand on a le dos tourné et l'engloutir à coup de grosses cuillerées ?" Il rit légèrement.